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1945, l'évasion de J.Raynal

15 février 2021

Histoire du carnet

Alors que nous parlions de sa fuite de Vienne à Odessa, J.Raynal m’a soudainement appris qu’il avait écrit sur un carnet, tout son déplacement. Suite à ma demande empressée de lire ce carnet, il m’apprit qu’il l’avait perdu depuis longtemps. J’étais vraiment peiné de cette perte.
Après la disparition de J.Raynal, alors que je mettais de l’ordre dans une armoire-bureau, je découvris au milieu de vieilles factures, quelque chose qui ressemblait à une souche de facturettes. Mais instantanément, je me mis à repenser à ce carnet. J’ouvris la première page, et lu le mot « Wien », du texte et des dates. Et là, j’ai su que j’avais retrouvé son carnet. J’avais le coeur retourné, c’étais incroyable, mieux qu’un trésor.
Je retrouvais également des enveloppes contenant des photos, des cartes postales. Je trouvais également quelques objets en relation avec cet épisode de sa vie. Un épisode sûrement difficile pour lui, mais dont il avait finalement retenu que les bonnes parties.

Même si le texte est limité dans les descriptions des lieux traversés, les personnes rencontrées, les paysages etc, j’ai compris que les préoccupations des fugitifs étaient de rester en vie, se nourrir, avancer le plus vite possible et le plus loin. A la fin de chaque journée, il restait peu de temps pour écrire. Il fallait économiser le papier, le crayon.

Un récit simple, au jour le jour, pour laisser une empreinte écrite, des pas sur la route de J.Raynal et de ses amis, vers la liberté.

 

carnet de J

armoire-bureau

Le carnet de J.Raynal, et l'armoire-bureau dans laquelle se trouvait son carnet de route.

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24 janvier 2021

Semaine 14

Lundi 2 juillet. Assez bien dormi, et aujourd’hui mer très calme. Quelle différence avec hier. Aucune terre en vue.

Mardi 3 juillet. Mer toujours agitée. La tête tourne, et il y en a beaucoup comme moi. Quitte ce soir l’hôpital pour aller à la cale 2, table 69. 18h, la mer est plus calme. 21h je vais passer ma première nuit en  cale.

Mercredi 4 juillet. Assez bien dormi par terre, car il ne restes plus de hamac. Je n’en suis pas fâché du reste. 6h, nous arrivons en vue des côtes de l’Italie et de Sicile. Ce sont des côtes rocheuses (montagnes). Nous passons au large de Messine vers 8h et devant le volcan Stromboli …..éruption vers 13h…..lot montagneux. Vu dans la journée plusieurs cargos ….. nous faisons la course avec l’un d’eux. Petit à petit, nous les rattrapons. Longeons les côtes italiennes, et devons arriver à Naples cette nuit. Viens de voir des poissons volants. Nous arrivons en vue de Capri juste à la tombée de la nuit. Maintenant nous apercevons au loin les lumières de Naples où nous arriverons vers 23h. Restons dans la baie.

Jeudi 5 juillet. Passé la nuit en rade de Naples, au pied du Vésuve. Nous ne repartirons qu’à 15h. Dommage que nous ne puissions pas visiter la ville. Beaucoup de trafic tant en mer que dans les airs. En ce moment nous passons devant des îlots rocheux

Vendredi 6 juillet. Lever à 7h, toilette et petit déjeuner. Ensuite monté à l’avant du bateau d’où l’on aperçois les côtes de la Sardaigne. 9h, on commence à apercevoir pour la première fois une terre  française, la Corse. 9h45 , croisons un cargo battant pavillon français. 10h, nous passons le détroit de Bonifacio. L’après-midi, rien à signaler. Maintenant on attend le coucher de soleil. Nous arriverons à Marseille demain matin de très bonne heure. A présent nous sommes sur la bonne voie.

Samedi 7 juillet. Lever à 5h30. Il fait un brouillard épais, on ne voit pas à 100 m, si bien que nous sommes obligés de stopper. On entend les sirènes des autres bateaux qui sont dans le même cas que nous. Nous ne sommes qu’à quelques milles de la côte. Enfin, vers 10h, nous avons une éclaircie, ce qui nous permet de repartir, mais au ralenti. Maintenant nous apercevons les côtes, puis Notre Dame de la Garde, le Château d’If. Nous restons dans la rade, et jetons l’ancre. Le drapeau tricolore est hissé au mât avant. Je me demande quand est ce que nous allons descendre !!!nous commençons à en avoir assez du voyage. 15h, le pilote monte à bord et vers 16h, nous prenons le chemin du port, où nous arrivons vers 16h30. Nous sommes accueillis avec musique et une …  de jeunes, nous rend les honneurs. Hymnes alliés ! minutes émouvantes et commence le débarquement. Moi avec la cale 4, débarquons les derniers, car nous sommes de corvée pour le nettoyage des cales !….

FIN DU RECIT

Ici, ce termine la dernière page du carnet. Jean Raynal regagnera Lourdes en train, où il retrouvera toute la famille Raynal à la gare, le dimanche 8 juillet 1945.

LES SUITES DU BLOG: Des publications auront lieues épisodiquement soit en rapport direct ou indirect avec le récit.

semaine 14

carnet de J

J

J. Raynal au bord du Danube. Arrondissement de Simmering à Vienne. 1944

16 janvier 2021

Semaine 13

Lundi 25 juin. Passé une assez bonne nuit, quoiqu’il m’a fallu assez longtemps pour m’endormir, un bébé ne faisant que brailler. La mer est un peu plus houleuse. Longeons quelques îlots rocheux. Passons au large de l’île de Crête. 19h, la mer est un peu plus houleuse, mais on peut encore la supporter.

Mardi 26 juin. Passé une bonne nuit, mais la température est plus chaude. On approche des côtes d’Afrique. Ce soir nous serons sûrement à Port Saïd. La mer est très calme et notre croisière se poursuit. Nous croisons quelques cargos et voiliers. 18h Radio-crochet à bord du bateau organisé pour des rapatriés français. 23h, nous commençons à apercevoir les lumières de Port-Saïd. Nous y arrivons vers 24h. Beaucoup de lumières, on se croirait en plein jour ! Il est vrai qu’il fait aussi pleine lune. La température est plus chaude. Viens de prendre un bain, mais à l’eau de mer. Elle est drôlement salée! et le savon ne mousse pas. Nous passons à côté du monument de Ferdinand de Lesseps et jetons l’ancre à l’entrée du canal de Suez.

Mercredi 27 juin. Couché très tard hier soir à cause de la température. Je suis en meilleure santé. Nous sommes ancré à côté d’un pétrolier français. Maintenant ce ne sont plus les « Tovarich » (camarades), mais les « fricots » qui sont en train de faire notre ravitaillement en charbon, on entend assez leurs cris. Dommage que nous ne puissions  pas faire une virée en ville !

Jeudi 28 juin. Passé une assez bonne nuit, et sur le lit, pas besoin de couverture ni de drap. Toujours à l’ancre. En ce moment, on nous ravitaille en eau. Hier, le consul de France est venu à bord rendre visite aux officiers puis, il les a emmenés ensuite au cercle français. Viens de voir passer un paquebot français surchargé de troupes en partance pour l’Extrême Orient. Beaucoup de trafic dans le port: cargos américains, anglais, yougoslaves, ……et beaucoup de canots égyptiens.

Vendredi 29 juin. Passé une bonne nuit. Toujours à l’ancre. Il paraît que nous ne repartirons que dimanche. Le temps nous semble long, surtout sans sortir. Dommage aussi que je n’ai pas d’argent égyptien pour acheter quelques souvenirs…

Samedi 30 juin. Toujours à Port Saïd. Il paraît que nous appareillerons ce soir vers 20h. On commence à trouver le temps long. Vu aujourd’hui un sous-marin anglais ainsi que plusieurs cargos alliés. Appareillons à 20h05, juste au moment où les lumières de Port Saïd s’allument. Vu à l’entrée du canal de Suez, un cargo coupé en deux par une bombe ou torpille. Juste un peu plus loin un autre ……., celui-là coulé. De ce dernier, nous n’apercevons que la cheminée et le mât.

Dimanche 1er juillet. Nous filons dans une mer calme et bleue. Dans 4 jours, nous serons sur le sol français. Voyageons solitaires avec de l’eau de tous les côtés. Ce soir la mer est plus agitée, les vagues arrivent jusqu’à la passerelle. Je commence à comprendre ce que c’est le mal de mer! la tête me tourne et l’estomac me remonte. Beaucoup sont en train de « dégueuler ».

semaine 13

Neusield am seeJ.Raynal et un ami, près du lac de Neusield, au sud-est de Vienne. Septembre 1943

11 janvier 2021

Semaine 12

Lundi 18 juin. Toujours à l’hôpital, pas de changement, bonne santé, bonne table et bon lit. Pas de bateau pour nous. J’ai vu aujourd’hui arriver un cargo, mais ça ne nous intéresse pas.

Mardi 19 juin. Suis en train de fumer une clope en attendant l’heure de la soupe. Aujourd’hui le temps est couvert et la mer grise. Il paraît qu’il n’y a pas de bateaux avant dimanche.

Mercredi 20 juin. Toujours dans mon petit lit en attendant le bateau qui se laisse un peu trop désirer. J’ai reçu ma première piqûre avec une injection de sérum. Aujourd’hui le capitaine médecin de la mission française a fait une visite à l’hôpital. Un bateau serait attendu ! attendons jusqu’à demain.

Jeudi 21 juin. Venons d’avoir la visite du médecin capitaine français, en vue du prochain embarquement. Nous ne savons pas encore si nous sommes du voyage. Dernières nouvelles notre doctoresse vient de nous avertir que nous sommes sortants tous les 4, sauf contre-ordre. Nous embarquerons sûrement dans la journée de demain. Vous ne pouvez pas imaginer quelle joie…

Vendredi 22 juin. Ici, petite parenthèse au sujet du récit que me raconte J. Raynal: « étant prévenu trop tard, nous sommes transportés en catastrophe sur le port. Lorsque que nous arrivons  sur quai d’embarquement, le bateau a déjà largué ses amarres et se trouve à 1 mètre du quai. Les marins jettent alors un filet, et nous voilà les derniers passagers sautant sur les cordages, et grimpant prestement malgré le sac que nous avons sur le dos ».
Suite du récit écrit: Viens d’embarquer à bord d’un transport anglais l’Ascanius. Je suis à l’hôpital (infirmerie). On nous avait transporté par autocar. Il est 14h, et sommes toujours dans la fin des manoeuvres. Cette fois-ci nous sommes sur le chemin du retour. Avons été arraisonné par une vedette russe, car nous quittons les eaux territoriales. Stop pendant 5mn. Maintenant je suis installé dans ma couchette au premier étage.

Samedi 23 juin. Passé une bonne nuit en bateau. Aujourd’hui la mer est calme (hier soir, elle était un peu houleuse). Nous venons de croiser un cargo. Nous mangeons très bien: pain blanc brioché.
Le médecin viens de m’occulter. 18h30 nous observons les côtes de la Turquie d’Asie. La mer est toujours très calme. Dans le courant de la journée, nous avons vu une bande de marsouins. Entrons dans le Bosphore vers 20h30, le paysage est d’une beauté féérique. Dommage que nous
arrivons de nuit. Beaucoup de lumières, surtout du côté de l’Europe. Le côté d’Asie est plus désert.
Nous arrivons à Istanbul vers 23h. Nous ferons escale jusqu’à demain matin 6h, afin de faire le ravitaillement en mazout.

Dimanche 24 juin, jour de la Saint Jean. Passé une bonne nuit. Il pleut mais la mer de Marmara est très calme et noire. En ce moment, j’écoute radio New-York, émission en français. Notre prochaine escale est paraît-il Port Saïd. ….devant Gallipoli (17h….des Dardanelles, où eut lieu le débarquement pendant la guerre de 14/18, et où se trouve un cimetière de soldats français et britanniques. Mer toujours calme. Sur la côte de Turquie d’Asie, apercevons des chameaux. Autour de nous beaucoup de mouettes.

semaine 12

Ascanius vers 1945Le transport de troupes Ascanius. Photo du site belge: http://www.belgian-navy.be/t4004-l-ascanius

3 janvier 2021

Semaine 11

Lundi 11 juin. J’ai passé une bonne nuit, la meilleure depuis Bucarest. Après ces repos, mes pieds ont désenflé (à peu près normaux). Au petit déjeuner, nous avons eu du pain blanc beurré, 3 biscuits et des nouilles. Tous les jours, nous recevons une visite de notre doctoresse; dans l’après-midi, elle nous a pris notre tension. Nous avons reçu aujourd’hui de la croix rouge 2 bonbons, du chewing-gum, 10 cigarettes et une tablette de chocolat.

Mardi 12 juin. Il fait un temps superbe, la santé est bonne, mangeons toujours bien. Ce matin, on m’a fait une prise de sang. Hier, c’était une analyse d’urine. Nous entendons à longueur de journée des sirènes de bateaux. Quand est ce que le nôtre arrivera ? Nous touchons tous les jours 1 tablette de chocolat et 20 cigarettes anglaises.

Mercredi 13 juin. 9h, je viens de faire ma toilette. 35,8°, je suis en bonne santé. Je viens de prendre ma cuillère de médicament, et c’est amer. Dans quelques instants on va nous porter notre petit déjeuner. Nous restons à trois dans la chambre. Le quatrième est parti dans un autre hôpital. Nous avons reçu aujourd’hui 2 paquets de cigarettes (10), et une tablette de chocolat. Presque tous les jours, nous voyons des bateaux au large; cette semaine il n’y a eu aucun départ.

Jeudi 14 juin. Je viens de prendre mon petit déjeuner: pain blanc, 4 biscuits, semoule, confiture et beurre. Suis en bonne santé, 35,9°. Beau temps. Nous avons reçu ce matin la visite d’un général français à trois étoiles. Il n’est resté que quelques instants dans notre chambre, nous demandant ce que nous avions. Le prochain bateau serait attendu samedi. J’espère être du voyage.

Vendredi 15 juin. Il est 16h30, et nous n’avons pas encore déjeuner. Ici, il n’y a pas d’heure fixe. Nous sommes toujours en bonne santé, mais toujours pas de bateau en vue, je viens de regarder par la fenêtre. Touché aujourd’hui un mouchoir en plus de la ration normale.

Samedi 16 juin. Viens de prendre ma potion et ma température: 35,1°. Maintenant on n’attend plus que le breakfast. Il a fait du vent toute la nuit. Aujourd’hui, le temps a l’air de se mettre au beau. Toujours pas de bateau. Il parait que le prochain est pour mercredi. Notre infirmière improvisée manucure vient de nous faire les ongles (mais d’une drôle de façon). Ce matin, j’ai été ausculté par le père Noël. C’est le surnom d’un vieux professeur à barbe blanche. L’après-midi, je suis allé voir un spécialiste pour le nez: dois me faire opérer en France. Ce soir, 5 bateaux au large, mais pas de paquebot. C’est dommage !

Dimanche 17 juin. Viens de prendre ma potion, et de faire ma toilette. Beau temps, la mer est bleue, je n’attends plus que le petit déjeuner. Passé un assez bon dimanche, mais toujours dedans. J’aurais préféré le passer dans la nature.

En tenue de travailQuelques STO en tenue de travail à Liesing. Février 1945, soit deux mois avant le bombardement et l'évasion des ouvriers français.

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28 décembre 2020

Semaine 10

Lundi 4 juin. Aujourd’hui, cela fait deux mois que nous avons quitté Vienne. Cette nuit, nous avons été réveillé à 1 heure du matin, parce qu’il y avait un départ de bateau. Donc, nous n’avons pas dormi. Depuis deux jours, j’ai les jambes enflées. Je suis allé voir le docteur. De retour de visite, je suis envoyé à l’infirmerie je suis en ce moment couché dans un petit lit avec des draps. Je prends des cachets.

Mardi 5 juin. Passé une bonne nuit à l’infirmerie. C’est la première fois que je couchais dans des draps depuis mon départ de France. Sommes au même régime avec les autres camarades. Mon pied droit est redevenu presque normal. Le gauche est encore enflé, mais plus comme hier.

Mercredi 6 juin. Suis assis en pyjama au bord de mon lit. Dehors, il fait beau, mais tous les jours, nous avons un petit orage dans l’après-midi. Nous venons d’avoir la visite de notre doctoresse comme tous les matins. Rien de nouveau. Ce matin, est parti pour embarquer une quinzaine de femmes. Espérons que nous tour ne tardera pas….

Jeudi 7 juin. Toujours à l’infirmerie. Mes jambes désenflent un peu. Temps orageux, rien de nouveau.

Vendredi 8 juin. Je me lève à 8h pour me faire enregistrer afin de pouvoir me faire embarquer. Toujours avec « Valentina », c’est notre infirmière. Aujourd’hui, on a reçu un calot russe et un brodequin américain.

Samedi 9 juin. Rien de nouveau, toujours à l’infirmerie, et des jambes toujours pareils. Pas d’amélioration pour l’instant.

Dimanche 10 juin. Toujours «Krank » (malade), aujourd’hui, c’est un major russe qui nous passe la visite. Je dois rentrer à l’hôpital avec deux autres camarades. Il fait un temps superbe. Nous partons vers 12h en autocar. Nous sommes 5 dont une femme. Notre hôpital est proche de la mer. De notre chambre, nous pouvons la voir à 400m environ. Tout est nickel, et la nourriture est très bonne. Quelle différence avec la caserne 21 où nous mangions que du blé et du millet.

Volksprater HochschaubahnVolksprater, vers 1945. Parc situé au centre de Vienne.

21 décembre 2020

Semaine 9

Lundi 28 mai. Passé une bonne nuit, la meilleure depuis Bucarest. Nous venons de recevoir un deuxième colis pour deux. Nous avons à présent un stock de conserves et je ne sais pas si nous arriverons à les manger toutes. Justement, nous venons de manger une boîte de saumon avec de la moutarde et des biscuits avec de la confiture d’orange. Le temps est maussade. Cet après-midi, nous avons reçu deux paquets de cigarettes anglaises. Nous sommes toujours bien nourris mais avec le même menu.

Mardi 29 mai. 1er anniversaire de notre bombardement. Je crois qu’aujourd’hui, nous n’avons rien à craindre ! Le beau temps est enfin revenu. Pas de changement avec les journées précédentes. A la première heure, café au lait ou chocolat au lait, et on n’arrête pas de fumer des cigarettes qui ressemblent à des cigares. A 18h concert, le plus intéressant jusqu’à ce jour.  Passé une assez bonne journée jusqu’à 16h. Puis un peu malade, sans doute après avoir bu trop d’eau ?…

Mercredi 30 mai. Lever 8h, comme d’habitude. Beau temps et bonne table. Nous recevons pour la deuxième fois du tabac russe. A par cela rien de nouveau. Nous attendons le départ qui ne serait tarder…enfin je l’espère.

Jeudi 31 mai. Journée semblable aux précédentes. A 13h, sommes allés voir en ville un film américain avec traduction en russe. Retour à la caserne pour manger et sieste. Cette semaine, il n’y a eu qu’un seul bateau pour la France. Je crois qu’il en est arrivé un cette nuit et qui doit être réparé demain. Mais ce n’est pas encore notre tour !

Vendredi 1er juin. Nous commençons le mois de juin, par une belle journée. Je suis allé me promener au bord de la mer, tout près du port. Nous avons vu quelques bateaux en rade attendant l’accès du port.

Samedi 2 juin. Toujours pareil. Nous venons de recevoir 2 paquets de cigarettes, une tablette de chocolat, et une savonnette. Dans la soirée, nous avons eu cinéma.

Dimanche 3 juin. Nous sommes de corvée aux cuisines à charrier de l’eau et du bois. Nous avons eu une messe à la caserne dite par l’aumônier de la mission française. L’après midi, nous faisons de l’excellent café américain.

Notre baraque dans la neigeBarraque des STO dans la neige. Fevrier 1943

14 décembre 2020

Semaine 8

Lundi 21 mai. Enfin, nous démarrons la nuit vers 3h, et maintenant nous sommes de nouveau dans la gare où nous étions avant hier ! Venons de toucher du ravit’: pain noir séché, viande en boîte, sucre et thé. Ce matin, il fait froid, mais à présent le soleil chauffe. Nous avons roulé cette nuit accroché à un convoi militaire. Il est 17h, et nous attendons toujours. Nous sommes à 150 km d’Odessa. Démarrons vers 18h, et roulons pendant une bonne partie de la nuit.

Mardi 22 mai. Passé une assez bonne nuit. Nous sommes à présent en Ukraine depuis Tiraspol. Le pays a l’air plus riche que la Bessarabia. Odessa est à 80km, mais pour l’instant, nous restons sur une voie de garage encore une fois. Il est 16h, nous n’avons pas encore bougé. A midi, nous avons mangé des croquettes de viande et « mate-faims » garnis de fromage, spécialité du pays. C’était bon, mais un peu cher. Le vin coûte 20 roubles, le pain 40 roubles le kilo, 1 oeuf 3 ou 4 roubles, le lait 10 à 15 roubles, une crêpe 10 et une croquette 10 aussi. Le temps s’est rafraîchi et hier soir j’ai du sortir le pull-over de mon sac.

Mercredi 23 mai. Sommes arrivés à minuit à Odessa. Nuit dans le wagon, et à 7h, nous sommes partis à pied, nos sacs étant dans des camions. Nous venons de nous doucher et de faire désinfecter  nos vêtements. Venons de toucher une camisole, un caleçon long blanc. D’ici, nous apercevons la Mer Noire, mais elle est encore éloignée. Nous ne savons pas encore où nous serons logés. Après avoir récupéré nos sacs, nous nous dirigeons vers le casernement qui se trouve à 2km. Nous sommes près de mille dans une ….à 800m de la mer. Nous venons de manger une soupe de tomate et semoule. C’était bon. Nous couchons dans un couloir au 3ème étage. Venons d’avoir un concert de musique variée, accordéon, balalaïka, danse etc…nous ne pouvons pas sortir. Dans Odessa, nous sommes presque 20 000 français.

Jeudi 24 mai. Nous avons passé une bonne nuit couché sur le plancher. Nous étions un peu fatigué du voyage. Je viens de faire connaissance de deux bigourdans, dont l’un de Loubajac et l’autre  de Pontacq. Avec Abadie, nous écrivons chacun une lettre qu’ils vous transmettrons. Ils doivent embarquer demain. Nous venons d’avoir « cinéma ». Nous avons vu des films russes ! Dans la journée, nous avons eu la visite d’un capitaine et d’une assistante de la croix rouge, arrivés tout dernièrement de France.

Vendredi 25 mai. Troisième journée à Odessa. Pas de changement dans notre train de vie. Notre principale occupation est de manger. Venons de toucher un colis pour deux, de la croix rouge anglaise. Nous nous sommes régalé avec le chocolat, les biscuits et les confitures d’abricots. Nous n’avons pas encore entamé les autres boîtes : viande, oeufs en poudre, bacon et moutarde, flocons d’avoine, fromage etc. Nous avons touché des cigarettes anglaises, allumettes et savonnettes. Dans la soirée, nous avons eu un concert de musique et chants nationaux russes.

Samedi 26 mai. Quatrième journée.  Venons de nous lever, le temps a l’air de se gâter. Nous venons d’avaler une pilule avant de pouvoir manger. Nous sommes logés à présent dans une chambre, mais couchons par terre sur le plancher. C’est un peu dur pour les reins. Nous venons de boire un café, et mangé du blé et porc américain en boîte.

Dimanche 27 mai. Levé à 8h. Puis petit déjeuner  avec café, millet, pâté US, confiture, noix, fromage et enfin toilette. Nous fumons comme des pompiers cigarette sur cigarette. Nous trouvons le temps long sans rien à faire. Bien sûr nous avons le cinéma « La vie d’un enfant russe à Leningrad, pendant la guerre ».

Semaine 8

5 décembre 2020

Semaine 7

Lundi 14 mai. Avant dernière journée de repos à Bucarest. Demain nous prenons le train à 12h en direction d’Odessa où nous prendrons le bateau (une petite croisière de 3 semaines environ). Aujourd’hui, nous avons touché 10 000 lei du consulat pour finir nos emplettes (oie fumée, pruneaux, oeufs, fromages, vin etc…). Nous allons être chargés à nouveau. Heureusement qu’un camion vient nous prendre à domicile. Ce matin, nous avons vu au consulat, 4 aviateurs français de passage à Bucarest. Ils font partie de l’escadrille « Normandie-Niemen ». Toujours beau temps.

Mardi 15 mai. Dernière journée que nous passons à Bucarest. Nous nous levons plus tôt que d’habitude, afin d’aller faire nos achats (provisions). Déjeunons à 11h. Vers 13h, un camion vient nous chercher et nous emmène jusqu’à la gare du nord, nous mène jusqu’au quai, partons en convoi avec des anglais, russes et belges. Nous avons trois wagons de réservés….au moins nous voyagerons assis. Démarrons à 15h, notre train file, et à 22h30 nous arrivons à Galati. Nous avons bien roulé, mais ici, on nous met dans une voie de garage.

Mercredi 16 mai. Nous avons passé la nuit dans la voie de garage, et nous y sommes toujours dans la journée. Il fait un temps superbe. Sommes passé par Braila. Beaucoup sont en train de se baigner dans un immense lac qui se trouve le long de la voie. Allons sûrement y passer la nuit.

Jeudi 17 mai. Avons passé la nuit dans la voie de garage, et nous allons y passer la journée. Aujourd’hui, le consul de France de Braila est venu nous rendre visite. Il reviendra dans l’après-midi avec du « ravito «  de la Croix Rouge. Nous repartons vers 18h.

Vendredi 18 mai. Nous roulons à présent sur le territoire russe de Bessarabia occupée. Nous y sommes depuis hier soir 22h. Nous nous réveillons à Réni, sur les bords du Danube. Toujours temps  superbe, et nous espérons que cela durera jusqu’à Odessa au moins. Il est 19h, et dans la journée, nous n’avons fait que 100km. Il nous en reste 350 jusqu’à Odessa. Nous traversons de vastes plaines où paissent d’énormes troupeaux de vaches et de moutons. De 400 à 500 têtes. Sur les quais de la gare se trouvent d’énormes montagnes de maïs, jusqu’à faire du….

Samedi 19 mai. Nous roulons un peu durant la nuit; encore une nuit blanche à passer dans le train. Dormons environ 1 à 2 heures chaque nuit. Nous nous levons à 4h, au lever du jour. Les reins en prennent un coup sur le plancher du wagon. Il fait très chaud, et nous buvons beaucoup d’eau. Aussi à chaque halte, c’est une cohue à chaque puits. L’eau n’est pas bien bonne. L’itinéraire que nous avons fait hier, nous allons le refaire aujourd’hui, pour ramener des ukrainiens. Nous en sommes à notre 4ème jour de voyage depuis Bucarest. Le soir, il vient de tomber quelques gouttes qui rafraîchissent un peu la température.

Dimanche 20 mai. Pentecôte 1945. Celui-ci nous le passons sur la voie de garage de Bolhrad où nous sommes depuis hier. Beau temps. Lever à 6h. Débarbouillage à une pompe puis, petit déjeuner: pain, …..et fromage. Ensuite bain de soleil sur l’herbe pendant que plusieurs pêchent des grenouilles dans la marre qui borde la voie. Déjeuner : oie fumée, fromage, pruneaux et confiture. Il est 19h, et nous attendons toujours.

LiesingVue aérienne de LIesing Vienne. Avant 1945

1 décembre 2020

Semaine 6

Lundi 7 mai. Nous avons passés une bonne journée. Toute la matinée, nous nous sommes promenés.  L’après-midi, nous avons vu des défilés avec la musique. Nous avons vu le roi Michel de Roumanie, qui était à la tribune, avec les autorités russes de Bucarest et les chefs des missions militaires américaines et anglaises. Les défilés ont duré 3h. Nous étions toujours accompagné de notre camarade roumain. Nous avons touché notre premier paquet de cigarettes (don de la croix rouge française). Nous sommes toujours bien soignés, avons toujours du dessert à chaque repas.

Mardi 8 mai. Journée passée à nous promener et à nous reposer.

Mercredi 9 mai. Journée passée comme les précédentes. Toujours à nous promener  en attendant le départ.

Jeudi 10 mai. Fête nationale roumaine. Nous avons assisté à un modeste défilé des troupes, puis avons revu le roi Michel. Le temps reste superbe.

Vendredi 11 mai. Dans la matinée, promenade sur le bord du lac, puis nous passons à côté de l’arc de triomphe. Nous allons boire de la bière dans un café tout proche, et rentrons pour déjeuner. L’après-midi, sieste jusqu’à 16h. Après, nous allons boire un litre de vin, et revenons pour diner. Après manger, nous discutons un peu, et allons nous coucher.

Samedi 12 mai. Promenade dans la matinée. Après-midi sieste et vous écris une lettre qui doit partir par avion. Vers 18h, nous allons boire une bouteille de vin rentrons vers 19h pour manger. Le départ est fixé au 15 (nous devons gagner Odessa).

Dimanche 13 mai. Lever à 8h, messe à 9h30, puis petite promenade en ville. Nous entrons dans une bodéga où nous mangeons du pain, des oeufs durs, radis et fromages blancs. Nous buvons deux litres de vin blanc et une bouteille de Vermouth, Martini. Puis, nous rentrons pour manger à l’Hôpital. Sitôt mangé, nous ressortons en ville et allons dans une pâtisserie où nous mangeons trois gâteaux chacun et buvons 1 autre bouteille de vin blanc. Nous rentrons à l’hôpital vers 18h et ressortons vers 19h pour pour aller boire une autre bouteille de vin blanc. Enfin, nous rentrons au bercail vers 19h45…pour manger au deuxième service.

7 évadés endimanchés Budapest 1945Les 7 fugitifs endimanchés à Bucarest

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